La Suisse est un tout petit pays (41 mille mètres carrés) entouré par des montagnes. On ne parle pas des montagnes qui ont peu d’importance, mais d’une chaîne des montagnes parmi lesquelles le Monte Rosa a l’honneur d’être le plus haut point à 4 634 mètres.
La partie du sud-ouest est comme un grand bassin avec le Lac Léman qui est à 372 mètres et le 2e plus bas point de la Suisse. Dans les montagnes, on trouve l’origine de 2 fleuves importants – le Rhin et le Rhône – ainsi que deux rivières – l’Inn et le Tessin – qui se déversent aux quatre points cardinaux de l’Europe.
Non seulement les montagnes protégeaient ses peuples contre l’invasion, mais également leurs richesses les nourrissaient. À cause des glaciers dans les montagnes, source d’eau et humidité, tout pousse au printemps. Il n’y a pas un centimètre carré qui n’est pas couvert par des plantes ainsi il n’y a aucune poussière dans l’air. Dans les vallées profondes, l’air est aussi pur que l’eau de source est douce. Les peuples de la montagne sont simples et doux aussi.
Raymond, le père de Janique, était varié que son accent suisse et il avait des expressions uniques. Il disait aux gens : “Avant j’étais Jeune et Beau, maintenant, je ne suis plus que ET”. Il est né un fils costaud et sa profession de plâtrier-peintre lui a moulé un corps plus profond, comme l’acteur Gérard Depardieu. Il riait souvent de son torse en disant qu’il était “Un cimetière aux poulets” pour décrire le fait qu’il en mangeait beaucoup. Malgré son perfectionnisme professionnel, il était parfois trop indulgent, ce qui laissait des fissures dans lesquelles s’inséraient les profiteurs. Mais enfin, la vie n’est pas toujours “Jeune et Belle”, l’“Et” dit énormément plus que les autres mots…
Autant que Raymond, Janique aime la trompette. Elle la pratique chaque lundi soir avec son jazz band, composé par des professeurs d’anglais des écoles internationales du coin et des musiciens locaux. Il n’y a que 3 femmes dans le band de 14-18 musiciens amateurs : Janique, un saxophone alto et l’autre la chanteuse. J’ai vu une vieille photo d’un orchestre prise dans le grand théâtre antique romain à Orange*, dans laquelle il y a avait seulement 2 femmes parmi la vingtaine de musiciens. Dans l’ancien temps, sur tout l’empire romain, les acteurs et musiciens étaient au bas de la hiérarchie mais on leur permettait de grimper les échelles sociales. Par contre, les nobles devenus acteurs n’étaient pas bien vus.
Oscar Bonzon, le mari de Janique, a hérité la ferme de son père. Il mesure 5 pieds 10 et comme Raymond, a un corps fort avec sa torse très profond. Il parle rarement et de plus, en marmonnant. Je ne peux comprendre que le dernier mot de ses phrases : “…ou quoi. …Ou quoi”. Mais je comprends bien qui il est par son regard tranquille et son sourire aimable. Après tout, il a de l’espace et de la capacité entre ses 2 épaules : l’amour pour Janique et ses 3 enfants, la responsabilité et l’esprit d’entrepreneur pour gérer la ferme sur 3 montagnes, une centaine de vaches et des milliers d’affaires qui ne finissent jamais.
Janique nous a amené à son chalet d’alpage à 1 600 mètres, à la ligne des arbres. On n’a eu d’autre choix que d’embarquer dans sa voiture à 4 roues motrices pour grimper et tenir fort sur les cols raides.
Il a commencé neiger à mi-chemin. Il n’y a pas eu d’autre voitures que les notres et les pneus répondaient à mes cris de peur dans les ravins en faisant chuter les roches dans la vallée. Il neigeait plus fort quand on est arrivé. C’est la première fois que j’ai vu la neige tomber en septembre.
En arrivant, Oscar a commencé par allumer un feu dans le foyer sans dire un mot. Aussitôt, la chaleur relaxait les épaules et les dos se détendaient. La chaleur est à la vie comme la musique à l’âme. On vit maladroitement sans chaleur avec nos esprits cachés et grelottants dans le plus profond coin de notre corps. Janique et Oscar ne peuvent pas s’amuser qu’avec les montagnes et vaches, ils étendent leur imagination et expriment leur joie par le jazz band ou la fanfare!
La raclette est une recette suisse particulière. Toute simple : le fromage à raclette (une grande meule d’environ 30 cm et 10 cm d’épaisseur) est rôti au feu, accompagné avec des patates et oignons marinés. Oscar m’a donné la place devant le foyer et je l’ai fait moi même! Le fromage donne des frissons aux chinois, mais rôti il ne goûte pas si mal et j’en ai mangé beaucoup.
Vendredi soir, Oscar nous a amené dans un bar-restaurant l’Étable situé à 1 500 mètres.
On est parti de la vallée à 400 mètres par les cols étroits sur le coté est. Nos oreilles étaient bloquées par la pression mais ce qu’on a vu nous les a fait oublier. En montant, on avait l’impression que le soleil sur le bord des montagnes ne se couchait jamais et de plus, qu’il nous suivait. Plus haut on se rendait, plus le soleil s’éloignait du bord. Une fois finalement couché, il ne restait seulement que la lumière qui peinturait une silhouette immense en dessus de lui.
L’Étable était vraiment une étable! La tranchée d’urine pour les vaches était couverte par des paires de morceaux de bois qui laissent la lumière pénétrer de l’intérieur. La piste de lumière nous a guidé au band de jazz où Janique joue la trompette. “Four”, “Fever” et plus. J’étais si proche du band que la musique faisait vibrer mon coeur. La présence de sentiments des musiciens m’a soufflé des frissons qui trempaient ma peau. Janique, entourée par deux beaux hommes de Grande Bretagne et d’Afrique du Sud, courait ses doigts, branlait sa tête et ses yeux m’envoyaient des salutations joyeuses.
En sortant, le ciel était déjà plein d’étoiles. C’était une expérience inimaginable! Parmi les montagnes tranquilles et dans un couleur unique où on peut atteindre les étoiles si brillantes et si proches, on s’amusait en écoutant les pièces de jazz qu’on aurait pu entendre dans un bar enfumé de New York dans les années 50! Qui ne serait pas heureusement étonné par ce lieu de rencontre de vie et par ce mystère des montagnes suisse?
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