I – Gisèle

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Gisèle, une femme française de 63 ans, toute maigre et malade, a eu le cancer il y a 10 ans. Elle n’est pas morte parce qu’elle a trop d’amour à donner aux gens et elle a un esprit entièrement libéré qui trouble la vision de la vie et la mort. Ses yeux, si naïfs comme ceux d’une fille de 2 ans ne sont pas gênés d’exprimer l’amour dans son coeur. En les regardant, je sens déjà que je suis entièrement enlacée sans ses bras.

Elle a des drôles de cheveux sur sa tête, mais ça ne la dérange pas du tout. Comme tous les artistes, le look, bof, ça n’a que peu d’importance! C’est tellement vrai que personne ne dit mot à propos de ses cheveux, la peau de son visage qui descend, ou bien ses mouvements rigides! Ce n’est pas par empathie pour quelqu’un qui va peut-être très bientôt enter dans un autre monde qu’on l’aime, mais c’est juste cette vérité qui nous attire fortement : son amour pour la vie!

À notre première rencontre, j’étais touchée et je me suis sentie bien dans sa peau.  Gisèle m’amenait dans leur jardin énorme, au style champêtre et libéré! Le jardin est situé à coté d’un torrent et est assez grand pour donner presque tout ce qu’elles veulent. Il lui manque un peu d’entretien, mais il y a eu évidemment énormément de travaux et d’efforts. Gisèle aime trop les roches et il y en a vraiment beaucoup parmi les fleurs et légumes qui sont bien placés et arrangés.  Les roches dures de l’infinité contrastent les faibles fleurs de vie qui ne durent que selon leur destinée. Gisèle est justement entre les deux et essaie d’exprimer sa volonté à travers son jardin et art.

Nous étions arrêtés sous une arche de vigne. Gisèle ramassait quelques raisins et les mettaient directement dans ma bouche. C’était de très bonnes grappes mures, pleines de soleil au milieu du jardin. Je sortais ma caméra et demandait à Stéphane de prendre une photo de Gisèle et moi. Elle m’a tenu dans ses bras, sa tête contre la mienne. J’étais un peu gênée d’être si proche d’une femme, surtout d’avoir mon visage frotté comme une chatte en chaleur… mais je ne doute pas que la chatte est bien en chaleur de sa vie et de la mienne!

Demain, on part. Stéphane et moi sommes retournés dire au revoir à 15h30. On a voulait ensuite visiter le soleil couchant sur les montagnes. Leur maison est juste de l’autre coté de la rue partagée par le petit train toujours vide!

La porte était ouverte et nous sommes entrés dans sa cuisine. Gisèle et Monique, qui partagent leurs vies depuis une vingtaine d’années, ont fait des rénovations elles même: le plancher et le comptoir de cuisine, les plafonds des pièces, l’escalier pour montrer au 2e étage, le balcon. Ce qui m’a impressionné le plus est leur salon. Elles ont fait le plafond en vieilles poutres et le plancher en céramique de leur propre design, avec des pierres ramassées en Grèce. Je me voyais facilement dans leurs vêtements de rénovations guidées par l’inspiration et imaginant les moments de joie une fois les projets réalisés…

Elle est une artiste faisant des peintures à l’huile et au crayon. Je n’ai pas eu assez de temps pour savoir si elle a bien fait sa vie avec son art, mais j’assume que ce n’est pas le cas. Parmi des milliers de peintures de Gisèle, cachés dans sa bibliothèque d’art, elle en a amené une dizaine pour nous offrir celle de notre choix. Elle adore la Grèce, la violon et  le violoncelle. Monique et elle sont invitées à visiter Montréal ça fait des années, mais chaque printemps, les deux femmes se regardent l’une, l’autre et décident d’aller en Grèce! Gisèle ne visite que la Grèce! Un de ses amis grec qui jouait la violoncelle est mort, alors elle a sorti 2 peintures de lui et les a gardés pour elle.

Stéphane a choisi une de violon et j’étais tombée sur la couleur bleue que d’habitude je déteste. C’est une peinture toute propre et simple avec des maisons grecques blanches sur la côte et trois bateaux aux voiles blanches sur la mer bleue. On s’étonne un peu des fois de ce qu’on aime et   haïs et on surprend nos fesses encore assises sur les sofas à 21h! Alors où en est la visite de montagnes? Après tout, on suit nos coeurs comme Gisèle; ce qui tient nos coeurs, on les suit. Le temps passait assez vite qu’on laissait les vieilles femmes dormir pour des rêves plus frais.

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